Stéphane Mallarmé un coup de dés...  
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Annabel Lee
Stéphane Mallarmé  
 
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Annabel Lee
Edgar Allan Poe
Edgar Poe
 

 


Il y a mainte et mainte année, dans un royaume près de la mer, vivait une jeune fille, que vous pouvez connaître par son nom d'ANNABEL LEE : et cette jeune fille ne vivait avec aucune autre pensée que d'aimer et d'être aimée de moi.


J'étais un enfant, et elle était un enfant dans ce royaume près de la mer ; mais nous nous aimions d'un amour qui était plus que l'amour, - moi et mon ANNABEL LEE ; d'un amour que les séraphins ailés des cieux convoitaient, à elle et à moi.


Et ce fut la raison que, il y a longtemps, - un vent souffla d'un nuage, glacant ma belle ANNABEL LEE ; de sorte que ses proches de haute lignée vinrent, et me l'enlevèrent, pour l'enfermer dans un sépulcre, en ce royaume près de la mer.


Les anges, pas à moitié si heureux aux cieux, vinrent, nous enviant, elle et moi - Oui ! ce fut la raison (comme tous les hommes le savent dans ce royaume près de la mer) pourquoi le vent sortit du nuage la nuit, glaçant et tuant mon ANNABEL LEE.


Car la lune jamais ne rayonne sans m'apporter des songes de la belle ANNABEL LEE ; et les étoiles jamais ne se lèvent que je ne sente les brillants yeux de la belle ANNABEL LEE ; et ainsi, toute l'heure de la nuit, je repose à côté de ma chérie, - de ma chérie, - ma vie et mon épousée, dans ce sépulcre près de la mer, dans sa tombe près de la bruyante mer.


Mais, pour notre amour, il était plus fort de tout un monde que l'amour de ceux plus âgés que nous ; - de plusieurs de tout un monde plus sages que nous, - et ni les anges là-haut dans les cieux, - ni les démons sous la mer ne peuvent jamais disjoindre mon âme de l'âme de la très-belle ANNABEL LEE.



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SCOLIE

" Le dernier poème de Poe (m'a écrit mon guide Mrs Whitman), et un poème qui ne fut publié que deux mois après sa mort. " Par une coïncidence, ce sont les vers récités à haute voix à la cérémonie de l'inauguration du tombeau : tout purs, brillants, aériens qu'ils soient.

Voyez dans cet état délicieux d'enfance qui pare l'héroïne au nom chantant, le caractère distinctif de la femme de Poe, épousée à ses quinze ans, une jeune cousine, Virginie. Tout le monde s'accorde sur ce point : mais diffère dans l'explication des mots her highborn Kinsmen, ses parents d'un haut rang. Est-il question des anges qui envièrent à l'amant sa fiancée, hypothèse plausible ; ou bien des membres d'une vieille et
hautaine famille imaginaire, comme celle dont l'auteur se plaît, en plusieurs de ses contes et dans le poème de la Dormeuse notamment, à évoquer la poésie pompeuse nobiliaire ?

 


   

ANNABEL LEE


IT was many and many a year ago,
In a kingdom by the sea,
That a maiden there lived whom you may know
By the name of Annabel Lee; --
And this maiden she lived with no other thought
Than to love and be loved by me.

She was a child and I was a child,
In this kingdom by the sea,
But we loved with a love that was more than love --
I and my Annabel Lee --
With a love that the wingèd seraphs of Heaven
Coveted her and me.

And this was the reason that, long ago,
In this kingdom by the sea,
A wind blew out of a cloud, by night
Chilling my Annabel Lee;
So that her high-born kinsmen came
And bore her away from me,
To shut her up in a sepulchre
In this kingdom by the sea.

The angels, not half so happy in Heaven,
Went envying her and me: --
Yes! that was the reason (as all men know,
In this kingdom by the sea)
That the wind came out of the cloud, chilling
And killing my Annabel Lee.

 

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